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Un espace pour se ressourcer au sein de l'entreprise...





Le documentaire sur "La mécanique du burn-out" me fait réagir parce que je mesure au cabinet, à quel point certains patients souffrent de leurs conditions de travail, devenues inadaptées à force de recherche d'optimisation à tout crin. Il me semble que nous arrivons à un point critique où des professionnels investis dans leur fonction, aimant leur activité, deviennent l'ombre d'eux-mêmes. Ils sont happés dans un système qui réduit la dimension humaine à la portion congrue.


Comme des personnes souffrant de boulimie et devenues insensibles à la sensation de satiété, ils travaillent toujours plus pour répondre au management fondé sur les objectifs, les évaluations et les certifications. Ils se coupent de leurs ressentis et ne font plus preuve de discernement. Leur pensée s'appauvrit, ils deviennent des exécutants. Animés par la tension nerveuse, ils ne se rendent pas compte qu'ils s'épuisent. La situation devient alors préoccupante.


Il me semble que, pris dans le discours ambiant, nous avons tendance à oublier qu'un salarié est une personne comme une autre. On l'appelle "employé", "manager", "infirmier", "commercial". Tout se passe comme si, une fois en entreprise, "il n'y avait qu'à travailler". Il n'en demeure pas moins que la personne qui a endossé son habit de salarié a besoin, autant que dans sa vie personnelle. de se sentir suffisamment bien psychiquement et corporellement pour être en pleine possession de ses moyens.


Au travail, comme ailleurs, les enjeux relationnels sont bien là, ainsi que la réalité corporelle. Le mal-être, les difficultés relationnelles entraînent des peurs, de l'irritation, des contractions musculaires, des troubles cardiaques, de l'insomnie et bien d'autres pathologies. Le psychisme et le corps étant intimement liés, ils réagissent de façon rétroactive l'un par rapport à l'autre: l'anxiété par exemple altère la qualité du sommeil et l'insomnie se répercute sur l'état d'esprit.


Peut-être pourrait-on penser alors que des formations de gestion du stress pourraient résoudre le problème du burn-out? Malheureusement, les effets ne se font pas sentir bien longtemps. Faut-il alors, réorganiser le travail? Proposer un nouveau logiciel? Mieux former les managers aux techniques de communication? Mais, sous couvert de prendre en main la souffrance au travail, le but de ces initiatives ne reste-t-il pas principalement tourné vers l'amélioration des rendements?


La qualité de vie au travail me semble être une donnée bien plus complexe qu'il n'y paraît, parce qu'elle touche à l'être, à la présence à soi et aux autres. Elle ne dépend pas de recettes que le salarié n'aurait plus qu'à appliquer. La sensation de bien-être ne se décide pas pour autrui. Elle a besoin dans un premier temps, d'être reconnue et ensuite, qu'une place lui soit faite. C'est là, à mon sens, que se situe l'épicentre de la problématique de la souffrance au travail.


Est-il vraiment inenvisageable de reconnaître la dimension subjective des salariés au sein de l'entreprise? Et si c'était le cas, quelle forme ce dispositif pourrait-il bien prendre?


Imaginez, sur le lieu de travail, un espace de rencontre avec une psychologue clinicienne, formée à une approche psychocorporelle, affranchi de toute évaluation. Un lieu où il serait possible de se ressourcer, de relancer sa pensée, sa fonction imaginaire, onirique et ceci, dans un souci de confidentialité. Un endroit que les salariés seraient libres d'investir comme ils l'entendent.


Les psychologues cliniciens n'interviennent pas dans le champ de l'entreprise et c'est bien dommage parce qu'ils y ont, à mon sens, toute leur place. Leur fonction essentielle est de préserver la subjectivité, ce monde intérieur, précieux, qui nous est propre à chacun et qui donne un sens à notre vie. Etant donné le stress chronique engendré par les conditions de travail actuelles, cet espace de parole me semble être devenu une nécessité. Aussi modeste soit-il, il aiderait à faire contre-poids à la mécanique entrepreneuriale. Il agirait comme un remède à l'asphyxie à laquelle nous assistons.


Qu'en pensez-vous?



 
 
 

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